Les LEDS seraient un nouvel Eldorado et la modernité dont plus personne ne doit se passer, ni citoyens, ni élus ? Chacun peut ainsi constater leur promotion intense par les fabricants, installateurs, syndicats directement intéressés par une technologie permettant d'inciter à renouveler tous les achats précédents dans la technologie antérieure.
Chaque jour nous recevons des témoignages d'élus très mal informés. Ministres et organisations, y compris environnementales, manquent le plus souvent d'une connaissance globale du sujet. La confusion entre une politique "d'efficacité énergétique" avec une politique réduisant les nuisances lumineuses est complète et savamment organisée.
La loi dite de transition énergétique n'avait pas même abordée les enjeux de l'éclairage.
Pour des consommations d'énergie réduites par la technologie des LEDs blanches dans l'éclairage, nous sommes incités à n'avoir aucun regard sur tous les autres aspects intéressant aussi directement les Français : coûts d'investissement et maintenance supérieurs, impacts sur la santé, sur la biodiversité, informations non indépendantes ou non expertisées, gains énergétiques possibles par de nouveaux usages de la lumière et non pas par la dernière technologie par principe, durée de vie promise restant à vérifier -et garantir- in situ, aucun bilan climatique global, aucun bilan ressources et matières naturelles, collecte "marginale" indique l'éco-organisme Récylum, recyclage non mature...
L'approche globale qui devrait particulièrement inspirer le développement durable, reste en fait de très partielle à partiale.
De plus en plus de grandes villes convertissent massivement, sous l'effet de cette promotion, leur éclairage en installant cette nouvelle technologie qui inonde le marché, en se parant sans autre recul, et sans aucune régulation, d'auto-allégations écologiques.
Nous avons les chiffres, l'analyse en coût global et en impacts globaux qui parlent déjà. Et maintenant les images ci-après !
Si des économies d'énergie peuvent être importantes en remplaçant des anciens luminaires extérieurs équipés de lampes à vapeur de mercure peu efficaces (désormais non autorisées), les résultats sont bien différents pour le cas des remplacements de technologies au sodium basse ou haute pression qui possèdent une efficacité énergétique équivalente, voire meilleure. Or aujourd'hui 66% du parc est équipé ainsi (Ademe 2014).
De plus, l'éclairage jaune-orangé du sodium basse ou haute pression à puissance lumineuse égale, est moins perturbateur pour la biodiversité tant du point de vue des rythmes biologiques que du pouvoir d'attraction des espèces nocturnes comme rappelé dans notre étude inédite MEB-ANPCEN récente, qui fait notamment le point des connaissances issues de travaux scientifiques internationaux et français sur ces enjeux et formule des recommandations.
En outre, une analyse en coût global montre que le choix des LEDs n'est pas non plus la panacée pour les dépenses publiques des collectivités qui doivent investir dans du matériel beaucoup plus coûteux à l'achat, plus coûteux en maintenance et gestion, et surtout, dont le retour sur investissement avec les économies d'énergie engendrées est basé sur des promesses de fiabilité et de durée de vie non vérifiée à ce jour, allant au-delà de 20 ans, et même très imprudemment entérinée à 30 ans, par l'Etat dans ses certifcats d'économie d'énergie. L'Etat reconnaissant dans le même temps.... que cette promesse reste encore à démontrer sur le terrain pour ce matériel d'éclairage extérieur à base d'électronique ... ! Les LEDs en panne, la fragilité de l'électronique aux surtensions des réseaux ou aux orages sont déjà constatés sur le terrain.
Pourtant les alertes à la prudence -au minimum- ont déjà été largement lancées. L'ANPCEN a formulé après une veille documentée de plusieurs années et des constats de terrain, son alerte en 2013. Elle n'a pas a priori vocation à s'opposer ni à une technologie, ni même aux intérêts concernés : elles appellent à une approche plus documentée et de manière indépendante, plus globale, ainsi qu'à une diversification des choix. Trop peu d'acteurs indépendants suivent la technologie, les résultats et les effets des LEDs.
L'ANSES, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, agence de l'Etat, a également lancé une alerte sanitaire depuis 5 ans déjà ! Elle a déjà souligné les impacts sur la santé des travailleurs exposés à ces lumières, des enfants, des personnes âgées.... Ses recommandations n'ont été suivies d'aucune mesure ! Or ses conclusions étaient déjà alarmantes et devaient conduire à bâtir rapidement (au minimum) un cadre adapté. De plus, les risques additionnels sanitaires d'une personne multi-exposée à tous les âges de sa vie, chez soi, dans les rues, partout, et en milieu professionnel ne sont ni examinés, ni suivis, ni pris en compte. Pourtant, nous sommes avertis ; pour nombre d'autres enjeux de santé-environnement, de nombreuses connaissances des risques liés à une exposition répétée tout au long de la vie ont été acquises et la notion "d'exposome" figure dans le plan national de santé environnement désormais. Il est particulièrement pertinent pour les LEDS.
Même l'Ademe rappelle les risques sanitaires déjà formulés par l'Anses et la recommandation de l'Agence internationale de l’énergie : se tenir à une distance de plus de 20 cm. Elle confirme un bilan environnemental médiocre, mais n'effectue pas de bilan sur les évolutions des nuisances lumineuses, inscrites pourtant dans la loi, et fait l'impasse sur les effets sur la biodiversité, les milieux, les paysages, par exemple.
Mais on le sait dans l'éclairage, la mode et les intérêts liés à une technologie chasse l'autre. Tout le monde se souvient très bien comment, quasiment du jour au lendemain, la technologie précédente des ampoules domestiques a été promue économiquement et encouragée publiquement... avant que l'on ne s'aperçoive peu de temps plus tard, qu'elle n'avait pas toutes les vertus annoncées, voire des risques non exprimés, telle l'émission d'ondes à courte distance d'éclairages... mais entre temps massivement prescrits.
Gageons que demain on nous annoncera que l'on dote tous les lampadaires d'énergie solaire . Mais alors si on réussit à améliorer une question énergétique, absolument rien n'aurait été résolu des nuisances dues à la croissance exponentielle de la lumière, sans une politique adaptée. C'est ce que nous constatons depuis les années 1960.
Nouvelles images
Quelques images traduisent déjà une nouvelle réalité qui ne va que s'amplifier. Elles sont réalisées à partir d'images prises depuis l'ISS par des astronautes.
A partir des animations ci-dessous, avant/après conversion à la technologie LED, sur 2, 3, 4 années seulement, dans plusieurs villes en Europe et en Amérique, le constat est des plus alarmant : la quantité globale de lumière émise après la conversion massive aux LEDs blanches est beaucoup plus importante qu'avant.
Les images montrent ce sur quoi nous alertons depuis longtemps : les économies d'énergie sont utilisées souvent pour augmenter les niveaux d'éclairement en consommant moins qu'avant, ce qui est la traduction de "l'effet rebond", non vertueux, déjà observé par le passé au cours des diverses évolutions des technologies de lampes utilisées en éclairage extérieur et comme récemment illustré pour la France par notre graphique d'évolution de la lumière nocturne émise en extérieur : + 94 % d'augmentation depuis les années 90. Leurs lumières concentrées plus intenses génèrent un flux réfléchi important. De plus, effets supplémentaires à prévoir, une lumière "dorée" est convertie massivement, sans analyse des conséquences, par des lumières très blanches ce que l'on perçoit bien sur les évolutions constatées en images sur si peu d'années.
Milan Madrid
Los-Angeles Mexico
Notre point de vue
La recherche de la seule efficacité énergétique se traduit donc à nouveau non pas par une diminution de la pollution lumineuse à proximité des sources, mais au contraire par son augmentation surtout que la lumière blanche émise est beaucoup plus riche en émissions aux basses longueurs d'ondes (violettes, bleues, vertes) qui se diffusent plus dans l'atmosphère et avec plus d'impacts sur le vivant.
Ces observations viennent confirmer aussi l'alerte sur les LEDs de l'ANPCEN lancée depuis plusieurs années et que vous pouvez retrouver dans notre dossier réalisé en 2013 sur ce sujet.
L'ANPCEN rappelle en particulier qu'elle n'est pas résolument opposée au développement de l'éclairage à LEDs, mais elle recommande d'agir d'abord par une réflexion sur les finalités et les besoins d'éclairage, en répondant aux enjeux du 21ème siècle et non des siècles précédents. Voir le manifeste de l'ANPCEN, avec FNE et SAF : "Inventons l'éclairage du 21ème siècle". Déjà soutenu par bien d'autres organisations.
L'ANPCEN recommande d'agir en premier par les usages et les mesures sans coût, à effets immédiatement mesurables en euros, en kwh économisés et en réduction des nuisances lumineuses. Elle demande aux fabricants la mise au point de luminaires dotés de LEDs ambrées, à un coût soutenable, avec une analyse plus globale et objectivée des autres conséquences du choix de cette technologie, pour être moins impactants sur l'environnement nocturne, des engagements de leur part de responsabilité sociétale sur l'ensemble des enjeux. Elle demande à ceux qui ont cautionné une promesse de durée de vie hasardeuse de 30 ans des LEDs extérieurs dans des certificats publics qu'ils assurent eux-mêmes une garantie effective de durée pour toutes les communes qui y auront eu recours sur cette incitation et que ne soient pas délivrés deux fois de suite un CEE (dégageant 2 fois les obligés de leurs obligations) pour une même lampe devenue à remplacer dans la même période.
Rien qu'en 2014, 37.1 millions de lampes à Leds* auraient été mises sur le marché soit 87 % de plus, en un an seulement.
En 2016 : 87 millions de lampes à Leds ont été mises sur le marché + 61 % par rapport à 2015.
Chacun peut désormais imaginer à partir des images de villes présentées ci-dessus ce que deviendra cette carte à la suite d'une conversion généralisée aux LEDs extérieurs effectuée de la même manière.
* chiffre ne reflétant que les déclarations des seuls adhérents de Récylum quin ne réunit pas tous les acteurs concernés
Merci de citer vos sources Anpcen lors de vos utilisations de nos données collectées.
L'ANPCEN attend des décideurs publics une approche globale des questions. Bref une politique cohérente et minimisant les risques pour les personnes et l'environnement !
Les politiques de seule efficacité énergétique ne sont pas des politiques de développement durable, ni de réductions des nuisances lumineuses
Le graphique établi par l'ANPCEN montre clairement la différence entre la courbe de l'énergie et celle de la lumière émise. Alors que la première (bleue) arrive tout juste à stabiliser sa croissance, la deuxième (verte) a crû de 94 %.
Le résultat en France
L'ANPCEN a publié une carte inédite de la pollution lumineuse en France en 2015 :
La dominante jaune de la carte démontre seule que la qualité de la nuit en France, avant toute modulation de l’éclairage public, est médiocre ou au mieux moyenne dans nombre de zones urbanisées. Les agglomérations génèrent toutes des halos lumineux au-delà de leur territoire. Ceci montre que chaque choix d’éclairage a des conséquences à longue distance de la lumière choisie localement. La diagonale du centre avec un environnement nocturne en moyenne de meilleure qualité est souvent liée à la faible densité démographique des espaces concernés et aux effets de masquage par le relief, atténuant la perception de la pollution lumineuse des villages se trouvant dans les vallées. De rares lieux sont encore préservés en montagne ... mais pour combien de temps encore ?
A quand un plan national sérieux, suivi et mesuré de réduction des nuisances lumineuses et un encadrement des LEDS, adapté avant leur multiplication tous azimuts, MULTI-exposant les citoyens de la chambre d'enfant à tous âges de la vie dans l'espace domestique, espace professionnel et l'espace public ?
Chez France 5, Axel de Tarlé, C'est à dire